Cette tribune a été publiée le mercredi 18 novembre 2020 sur le site de Valeurs actuelles.
Après une très forte mobilisation des catholiques durant tout le week-end pour réclamer la reprise des messes, la concertation qui a eu lieu ce lundi 16 novembre, entre le Premier ministre Jean Castex, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin et les représentants des cultes s’est soldée par un refus de la reprise des cérémonies religieuses, envisagée au mieux début décembre en fonction de la situation sanitaire.
Cette mobilisation a parfois choqué, comme s’il s’agissait de la part des catholiques d’un manque de sens du bien commun, d’un refus de participer à l’effort collectif contre l’épidémie sous prétexte de conserver leurs privilèges. Car dans l’esprit de beaucoup, la messe n’est qu’un rassemblement collectif de croyants qui ont besoin de se retrouver pour partager un moment en commun et chanter ensemble.
Face à cette situation ambiguë, les Éveilleurs tiennent à rappeler quelques vérités essentielles.
La messe n’est pas un simple moment de partage des hommes entre eux, mais le culte suprême rendu à Dieu, par le renouvellement du sacrifice du Christ. En y assistant, le fidèle ne s’unit pas d’abord à son voisin, mais à son Dieu et Sauveur.
C’est pourquoi penser la mobilisation pour l’assistance à la messe comme un besoin émotionnel des croyants est une incompréhension totale de la foi catholique et du sens de leur revendication.
Par ailleurs, la loi de séparation de l’Église et de l’Etat de 1905 dispose que la République est la garante du libre exercice des cultes. Si des exceptions sont édictées dans l’intérêt de l’ordre public, comme la prévention des maladies épidémiques et contagieuses, pourquoi cette exception s’applique-t-elle aux églises quand elle ne semble pas concerner les écoles, les grandes surfaces, les entreprises, les transports en commun ? Pourquoi les responsables des cultes sont-ils reconnus moins aptes à organiser le bon fonctionnement de leurs paroisses que ne le sont les chefs d’entreprise ? Cette infantilisation des catholiques alors même que les derniers mois ont prouvé leur implication dans le respect des règles sanitaires et l’absence de cluster dans les églises est un affront de la part de l’autorité publique.
Cette interdiction, aucun gouvernement n’avait osé l’imposer aux Français de façon généralisée jusqu’à présent. Ni le Comité de Salut public pendant la Révolution française par idéologie, ni lors des deux dernières guerres mondiales par pragmatisme, ni pendant la dernière grande épidémie de grippe espagnole par nécessité.
Le gouvernement, lui, s’octroie le droit de la poser pour la deuxième fois cette année. Et les catholiques se voient priés de respecter cette décision, sans sourciller, en attendant que la République sanitaire de France leur édicte bientôt comment le culte, une fois autorisé, devra être célébré.
Parce que cette interdiction est disproportionnée au regard de la taille des églises, qui permettent mieux que nulle part de recevoir du public en toute sécurité, parce qu’elle contribue à définir l’homme comme un simple consommateur qui peut vivre des seuls biens matériels et se passer des biens spirituels, les Éveilleurs soutiennent et encouragent la mobilisation, menée par la jeunesse catholique, en faveur de la levée de l’interdiction d’assistance à la messe pour les fidèles.
Nous n’acceptons pas que les catholiques soient pris en otages et tournés en ridicule par le gouvernement français à qui il n’appartient pas de les priver de cette rencontre hebdomadaire vitale avec Dieu d’où viennent le réconfort et l’espérance dans la période troublée que nous vivons. Parce qu’il n’appartient pas non plus à l’Etat de s’immiscer dans la célébration du culte, qui repose sur des principes sacrés.
Manifester publiquement est essentiel pour faire entendre la voix des catholiques mais au vu de la surdité du gouvernement, ce n’est probablement pas suffisant.
C’est pourquoi, à quelques semaines de Noël, nous appelons dès ce dimanche l’ensemble des chrétiens, partout en France, à reprendre possession de leurs églises en prolongeant les manifestations publiques par un temps de recueillement à l’intérieur des édifices devant l’autel, là où repose la poutre maîtresse de l’Amour et de la Paix.