Avec la venue de Patrick Buisson à Versailles, notre association a pu bénéficier d’une grande leçon de Sciences Politiques.
Pour l’auteur de « La cause du peuple », s’exprimant devant un large auditoire, nous assistons au règne des « médiagogues » qui se sont tous mis au service d’un candidat à l’occasion de cette élection présidentielle. Comme l’a indiqué Patrick Buisson, 20 millions d’électeurs se sont mis en marche sans savoir quelle était leur destination, l’essentiel étant, au terme d’une opération d’asservissement de la pensée sans précédent et à très grande échelle, d’être « en marche. »
Le parallèle entre la construction du mythe JF Kennedy et celui du candidat Macron est selon Patrick Buisson évidente. Ce dernier est le produit de la politique qui se construit sur la communication, le représentant emblématique de l’homme moderne qui se définit sans passé et sans enracinement. Sa seule adresse postale est la Silicon Valley, où se sont d’ailleurs retrouvés au mois de janvier François Fillon et Emmanuel Macron, ce qui n’est pas un hasard, ces deux candidats incarnant selon lui avec quelques différences l’idéologie de l' »économisme ».
Pour Buisson, Macron n’est pas le remède à la crise de la société française, il en est le symptôme : celui de la « déliaison libérale ». Dans cette campagne le règne des « médiagogues » est allé de pair avec celui des « hallucinés de l’économisme ».
Face à ce trou noir, les populismes de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ont exprimé d’après lui maladroitement la nostalgie d’une souveraineté perdue. Nous étions poussés à penser que la bataille de l’identité allait prendre le pas sur l’économie. C’est tout le contraire qui s’est passé. Jamais on n’a parlé autant d’économie qu’en 2017 alors que Patrick Buisson reste persuadé que les français attendaient qu’on leur parle de leurs racines, de leur patrie, de la vertu des frontières face aux grands mouvements migratoires, de la transmission de leur histoire et de leurs valeurs, de leur culture.
La machine médiatico-judiciaire lancée contre François Fillon, associée à un programme inadapté qui faisait fuir l’électorat populaire et à un candidat ayant des difficultés à assumer un discours conservateur et identitaire, a suffi à faire perdre à la droite une élection qui était encore imperdable il y a quelques mois.
Avec la victoire d’Emmanuel Macron, Patrick Buisson a relevé que nous allions assister à l’accélération de la réunification des libéraux de droite et de gauche, se retrouvant dans la défense de la mondialisation libérale, tandis que la droite conservatrice qui défilait en 2013 pour réaffirmer la prévalence du sacré sur le matérialisme et le marchandisme allait enfin pouvoir se constituer en force politique indépendante d’une droite centriste et progressiste.
En résumé, s’il était possible au siècle dernier d’accoler libéralisme et conservatisme, Patrick Buisson a affirmé que c’était aujourd’hui un oxymore et que cela permettait de faire enfin apparaître clairement une ligne de fracture idéologique très claire.
La leçon la plus éclatante des dernières élections est selon Patrick Buisson qu’aucun des partis de droite (LR-FN) ne peut remporter seul la victoire électorale. Sur le papier, la droite conservatrice dispose pourtant d’une puissance de frappe incroyable aujourd’hui, portée par des intellectuels et politiques dont les écrits sont plébiscités par un public de plus en plus large.
Patrick Buisson a revendiqué le fait qu’il nous fallait retrouver le chemin de la vieille alliance entre le vote conservateur et le vote populaire si l’on voulait parvenir à des victoires électorales à court terme. Et mettre fin à ce fameux front républicain, piège tendu par la gauche, machine à perdre de la droite depuis des décennies.
Pour espérer une large victoire des idées dites conservatrices sur le plus long terme, Patrick Buisson a rappelé qu’il fallait d’abord remporter la victoire culturelle, qui prendra du temps, et s’armer de patience car avant la récolte il faut semer. La bonne nouvelle est selon lui que le cycle du progrès est en train de s’achever parce qu’il aboutit sur des sociétés désincarnées et individualistes, marquées par l’expansion de la drogue et de la violence.
Le temps n’est ainsi pas encore à la moisson pour ceux qui défendent les vertus des limites reposant sur les socles de la petite nation qu’est la famille et de l’enracinement dans la grande nation mais il viendra un jour.
Alors continuons à travailler à l’éveil des intelligences et à la défense de ces valeurs immémoriales parce que comme l’a conclu Patrick Buisson en reprenant les mots de Charles Péguy, il faut que « France et Chrétienté continue ».
L’analyse lumineuse de Patrick Buisson, dont l’éloquence et l’érudition sont sans équivalents, ont largement conquis l’auditoire nombreux, qui l’a longuement ovationné à la fin de sa conférence.